THOUGHTS ON ART
THOUGHTS ON ART
Art, in its purest form, isn’t an ornament, nor a representation.
It’s not here for pure aesthetic, the result of the beauty through which it exists. It’s not an expression of beautiful, and it’s not its purpose.
Art is wildness, pain, burden. It’s carried in the depths of the soul, lives, feels, hurts you and makes you re-emerge at any time. It is and exists way before the canvas and lasts way after the canvas. It abodes in you, comes along under the shower, when you’re shopping, when you have a drink with your friends, it follows you everywhere, and you sometimes meet it by surprise, around the corner, in your bed at night. It is just here. And that’s all.
Sometimes comes a time to express it. It is the « moment of art ». And when you’re ready – or maybe it is ready – you enter deeper in an inner reality, in a creation process where are tangling your most intimate feels, the most secret struggles between you and you. You don’t choose the « moment of art », you don’t know when it will start, nor when it will end, nor what will happen precisely.
Painting takes me down in a kind of soul darkness, a deaf anger, a form of concentration mixed with wanderings, where nothing round exists nor matters. A loss of landmark, no space, no time, no people, no noise, nothing. Only me. A raw me, undone, facing a virgin support. With nothing to say, and everything to express.
When the « moment of art » ends, everything is already over. There will be none but a result, expressed on a support. You will find it beautiful or ugly, it will reach you, or not. We will give it a title, in order to lessen the emotions of those who fear confrontation with their own perceptions, you will then understand it your way ; and it will maybe dress up walls, somewhere, loaded with all the suggestions ans interpretations belonging to the one that will set eye on it.
Art, in its purest form, isn’t an ornament, nor a representation. It’s not here for pure aesthetic, the result of the beauty through which it exists. It’s not an expression of beautiful, and it’s not its purpose. It’s not the creation process. Not even the result.
Art is a fact, which you will only see the aftermath of a moment of life, a moment of art.
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L’art, dans sa forme la plus pure, n’est pas une décoration, ni même une représentation.
Il n’est pas là pour l’esthétique pure, la beauté du résultat à travers lequel il existe. Ce n’est pas l’expression du beau, et ce n’est pas sa raison d’être.
L’art est une sauvagerie, une douleur, un fardeau. Il se porte dans les profondeurs de l’âme, se vit, se ressent, vous blesse et vous fait renaître à chaque instant. Il est et existe, bien avant la toile, et perdure, bien après la toile. Il demeure en vous, vous accompagne sous la douche, quand vous faites vos courses, quand vous prenez un verre avec vos amis, il vous suit partout, et parfois vous le retrouvez par surprise, au détour d’une rue, dans votre lit la nuit. Il est juste là. Et c’est tout.
Parfois vient le moment de l’exprimer. C’est « l’instant de l’art ». Et quand on est prêt – ou peut-être que c’est lui qui l’est – on pénètre alors au plus profond d’une réalité intérieure, dans un processus de création où se mêlent les ressentis les plus intimes, les luttes les plus secrètes entre soi et soi. On ne choisit pas « l’instant de l’art », on ne sait pas quand ça va commencer, ni quand ça terminera, ce qu’il se passera exactement.
Peindre me plonge dans une forme de noirceur de l’âme, une colère sourde, une forme de concentration mêlée d’égarements, où plus rien n’existe ni ne compte autour. Une perte de repère, plus d’espace, plus de temps, plus de gens, plus de bruit, plus rien. Plus que moi. Un moi brut, défait, face à un support vierge. Avec rien à dire, et tout à exprimer.
Quand « l’instant de l’art » se termine, tout est déjà fini. Il n’en restera qu’un résultat, extériorisé sur un support. Vous le jugerez beau ou laid, il vous touchera, ou non. Nous lui donnerons un titre, pour amortir les émotions de ceux qui craignent la confrontation à leurs propres perceptions, vous le comprendrez alors à votre sens ; et il ira peut-être habiller des murs, quelque part, chargé alors de toutes les suggestions et les interprétations qui seront propres à ceux qui poseront les yeux sur lui.
L’art, dans sa forme la plus pure, n’est pas une décoration, ni même une représentation. Il n’est pas là pour l’esthétique pure, la beauté du résultat à travers lequel il existe. Ce n’est pas l’expression du beau, et ce n’est pas sa raison d’être. Ce n’est pas le processus créatif. Ni même le résultat.
L’art est un fait, dont vous ne verrez que les séquelles d’un instant de vie, d’un instant d’art.
I’ve always had an urge to paint.
To paint is to immerse oneself into this world of things possible. To tame the impossible. To attempt. Because acting is pointless. To live within matter, to dominate it, to allow yourself to be dominated. Matter goes wherever it pleases, it flows, a fluid, liquid thing ; nothing can be, nor actually is, mastered. I like the brutality of expressionism. Abrupt gestures, spontaneous, rebellious and anarchic painting, a violent poetry. When performing fast, there is no room left for calculation, for will, for choice. Just a free dialogue with matter.On the blank canvas no one knows what will come to birth, nor does anyone know what is about to be. To paint for the sake of gesture, to paint through gesture. To express your soul in its raw state. To break free from techniques. To display psychic intensity and physical impulses. To go to extremes in your relationship with matter, urgently, to be like one with it, to fight a hand to hand struggle that ends with it all over me, and me all over it.
I paint for the sake of painting.
In a world where everything is structured, where everything purports to be signified, illustrated, represented, explained, I have chosen an art that has nothing to say, an art that is free and unconstrained. An art of sheer expression. Lyrical abstraction. Personal emotions, laid out right there, on a woven linen canvas. My painting means nothing. It’s not there to talk to you. It only exists for the sake of existing. For me, for you. For the emotions it will relieve in me, and for those it will awaken in you.
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J’ai toujours eu la nécessité de peindre.
Peindre, c’est plonger dans ce monde des possibles. Dompter l’impossible. Tenter. Car l’acte est vain. Vivre la matière, la dominer, se laisser dominer. Elle va où elle veut, elle coule, fluide, liquide ; rien n’est maitrisable, ni maitrisé. J’aime la brutalité de l’expressionisme. Des gestes brusques, une peinture spontanée, rebelle et anarchique, une poésie violente. Dans la rapidité d’exécution, il n’y a plus de place au calcul, à la volonté, au choix. Juste au dialogue libre avec la matière. Sur la toile vierge on ne sait pas ce qui va naître, on ne sait pas ce qui va être. Peindre pour le geste, peindre par le geste. Exprimer son âme à l’état brut. S’affranchir des techniques. Mettre en évidence une intensité psychique et des impulsions physiques. Aller jusqu’à l’extrême dans le rapport à la matière, dans l’urgence, ne plus être qu’un, vivre un corps à corps qui nous laisse, elle couverte de moi, et moi couverte d’elle.
Je peins pour l’acte de peindre.
Dans un monde où tout est structuré, où tout se veut signifié, illustré, figuré, expliqué, j’ai fait le choix d’un art qui n’a rien à dire, un art libre et sans contrainte. Un art d’expression pure. L’abstraction lyrique. Des émotions personnelles, couchées, juste là, sur une toile de lin tissé. Ma peinture ne signifie rien. Elle n’est pas là pour vous parler. Elle existe pour le simple but d’exister. Pour moi, pour vous. Pour les émotions qu’elle soulagera en moi, et pour celles qu’elle éveillera en vous.
To paint without borders, without figures, without lines that confine or contours that limit. Lyrical abstraction is an impulse, a breath carried by the moment, a writing of the intangible where color does not illustrate—it resonates. It does not conform to the imitation of the world; instead, it captures its invisible vibrations, the very essence of emotions.
Each gesture becomes a pulse of being, each stain, an imprint of inner movement. Here, there is no fixed narrative, no form the eye can grasp and name. What emerges on the canvas does not need to be deciphered—only felt. For lyrical abstraction does not explain; it evokes. It does not show; it opens a passage.
It is a silent dialogue between the painter and the material, a surrender where the ego dissolves to let the moment speak. The brush does not trace—it allows. The pigment does not cover—it reveals. Like a musician improvising on a fleeting inspiration, the lyrical painter captures an ephemeral energy and stretches it across the canvas in a controlled chaos, an inhabited disorder.
Far from the rigid frames of reason, this painting is a vertigo, a dance where colors clash and embrace, where emptiness and saturation find balance in an elusive harmony. It is not a representation of reality—it is an invitation to experience it differently. A storm of blue, a burst of red, a transparency of light: here, everything is pure language, without words, without reference points.
And perhaps this is its true power—to offer the gaze absolute freedom. The viewer does not need to understand; they must simply let themselves be moved. For lyrical abstraction is not an art to be contemplated—it is an art to be felt, like a wave vibrating in the depths of silence.
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Peindre sans frontière, sans figure, sans ligne qui enferme ni contour qui limite. L’abstraction lyrique est un élan, un souffle porté par l’instant, une écriture du sensible où la couleur n’illustre pas : elle résonne. Elle ne se plie pas à l’imitation du monde, elle en capte les vibrations invisibles, l’essence même des émotions.
Chaque geste devient une pulsation de l’être, chaque tache, une empreinte du mouvement intérieur. Ici, point de récit figé, de forme que l’œil peut saisir et nommer. Ce qui surgit sur la toile n’a pas besoin d’être déchiffré, seulement ressenti. Car l’abstraction lyrique n’explique pas, elle convoque. Elle ne montre pas, elle ouvre un passage.
C’est un dialogue silencieux entre le peintre et la matière, un abandon où l’ego s’efface pour laisser parler l’instant. Le pinceau ne trace pas, il laisse émerger. Le pigment ne recouvre pas, il révèle. Comme un musicien improvise sur un souffle d’inspiration, le peintre lyrique capte une énergie fugace et l’étend sur la toile dans un chaos maîtrisé, un désordre habité.
Loin des cadres rigides du rationnel, cette peinture est un vertige, une danse où les couleurs se heurtent et s’embrassent, où le vide et la saturation s’équilibrent en une harmonie insaisissable. Ce n’est pas une représentation du réel, c’est une invitation à l’éprouver autrement. Une tempête de bleu, une fulgurance de rouge, une transparence de lumière : tout ici est langage pur, sans mots, sans repères.
Et c’est peut-être là sa force : offrir au regard une liberté absolue. Le spectateur n’a pas à comprendre, il doit seulement se laisser traverser. Car l’abstraction lyrique n’est pas un art que l’on contemple, c’est un art que l’on ressent, comme une onde qui vibre au creux du silence.
What is Lyrical Abstraction ?
A 20th-century style of painting that some people would argue is virtually identical to that of abstract expressionism.
However, it is characterised by more emphasis on colour over shape.
The French artist and art theorist Georges Mathieu (1921-2012) was one of the fathers of lyrical abstraction. He held that lyrical abstraction is about :
1 Primacy of speed of execution : speed prevails to avoid the interference of consciousness of the artist.
2 No preexisting shapes : the painter must not rely on any reference at all.
3 No premeditated moves from the artist : painting is not a cognitive process.
4 Ecstatic state of mind of the artist : isolation and concentration of the artist help release.
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Qu’est-ce que l’abstraction lyrique ?
Un style de peinture du 20e siècle qui, selon certains, est pratiquement identique à celui de l’expressionnisme abstrait.
Toutefois, il se caractérise par l’importance accordée à la couleur plutôt qu’à la forme.
L’artiste et théoricien de l’art français Georges Mathieu (1921-2012) est l’un des pères de l’abstraction lyrique. Selon lui, l’abstraction lyrique consiste en :
1 Primauté de la vitesse d’exécution : la vitesse prévaut pour éviter l’interférence de la conscience de l’artiste.
2 Pas de formes préexistantes : le peintre ne doit s’appuyer sur aucune référence.
3 Pas de gestes prémédités de la part de l’artiste : la peinture n’est pas un processus cognitif.
4 État d’esprit extatique de l’artiste : l’isolement et la concentration de l’artiste favorisent la libération.